vendredi 28 septembre 2007

Retraites à 60 ans: c'est fini

C'est la fin d'une époque, une tendance historique qui s'inverse, un tabou qui se brise : dès 2009, l'âge de la retraite va remonter en France. Depuis 1930, il n'a cessé de diminuer. Le Premier ministre François Fillon a détaillé hier la deuxième réforme des retraites qu'il pilotera en 2008.

- Comme prévu en 2003, la durée de cotisation passera de 40 à 41 ans entre 2009 et 2012 pour les salariés du privé comme du public « Si on ne le fait pas, le déficit passera de 5 à 8 ou 10 milliards en 2012 » justifie François Fillon.

- Le dispositif surnommé « amendement Chérèque » autorisant ceux qui ont commencé à travailler jeunes à cesser leur activité avant 60 ans sera ajusté. « Le coût de cette mesure dont ont bénéficié 400000 personnes depuis 2004 explique presque la moitié du déficit du régime général constaté en 2007 » explique le Premier ministre.

- Les régimes spéciaux (SNCF, EDF, RATP etc.) seront alignés sur ceux des fonctionnaires en 2012 avec une loi proposée au Parlement dès janvier 2008.

Avec ces trois mesures, le gouvernement espère atteindre l'équilibre pour le régime général en 2012 tout en atteignant dès 2009 son objectif d'une pension de minimum vieillesse à 85% du SMIC. Cela permet à François Fillon « d'écarter fermement » le système de régime à points proposé par le Medef qui substituerait au système actuel de cotisations obligatoires, commun à tous, un choix individuel de prélèvements sur les salaires. Le choix politique, c'est donc bel et bien de prolonger l'activité, de créer un âge de départ réel tout en maintenant une apparence légale de retraite à 60 ans. Sachant que 78 % des salariés actuellement âgés de moins de 55 ans n'ont pas commencé à cotiser avant 20 ans, l'âge de 60 ans sera théorique en 2012.

Avec ces réformes, l'âge moyen de départ actuellement de 58 ans et 8 mois, sera brutalement repoussé. « C'était inscrit dans la loi Fillon de 2003. Mais il était prévu de négocier en 2008 pas d'être mis devant le fait accompli » conteste Jean-Yves Le Duigou à la CGT. Après 1993 et 2003, les Français devront accepter sous la contrainte une nouvelle réforme des retraites. Sauf que celle là les conduira réellement à travailler plus longtemps.

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