mercredi 10 octobre 2007

Retraites : les syndicats unis contre la réforme des régimes spéciaux

Le "document d'orientation" sur la réforme des régimes spéciaux, exposé mercredi 10 octobre aux syndicats par le ministre du Travail Xavier Bertrand, a vivement été critiqué par les syndicats.
"Les principes de la réforme ne sont pas acceptables", a ainsi déclaré à la presse Jean-Christophe Le Duigou, à l'issue d'un entretien avec Xavier Bertrand.
Le syndicaliste a estimé que la réforme provoquerait "une dégradation forte de la retraite des agents publics, avec pertes de pouvoir d'achat".
Il faut que "le mouvement de grève du 18 octobre soit le plus fort possible" afin de pousser le gouvernement à "ouvrir un espace de négociation" qui "paraît extrêmement réduit à l'examen du document d'orientation" remis par le ministre, a martelé M. Le Duigou.
Le secrétaire général de la CGT Cheminots, Didier Le Reste, a estimé pour sa part que "derrière la réforme des régimes spéciaux de retraite" se profilaient "de nouvelles attaques contre le régime général et donc de nouvelles dégradations sur les niveaux des retraites versées". "Sous couvert d'égalité, on aligne tous les régimes de retraite par le bas", a-t-il dénoncé.

Les grèves du 18 octobre
Les grèves prévues le 18 octobre, notamment à la SNCF et à la RATP, promettent donc d'être fortement suivies et pourraient ne pas se limiter à 24 heures.
Xavier Bertrand, qui recevait mercredi depuis 7h30 les syndicats les uns après les autres, ainsi que les directions des entreprises concernées, a notamment confirmé que les agents relevant des régimes spéciaux devront cotiser 40 ans d'ici à 2012 contre 37,5 années aujourd'hui, une mesure qualifiée de "non négociable", ou encore l'instauration d'une décote pour ceux qui voudront continuer à partir plus tôt.
Selon les syndicats, il a également confirmé que le calendrier fixé par le président Nicolas Sarkozy restait le même: la réforme -dont sa phase de négociations dans les entreprises- doit être bouclée à la fin de l'année.
"Le ministre nous annonce qu'on va passer l'ensemble des personnels des régimes spéciaux à la toise. Et je crains que ça n'augure un nouveau tour de vis pour tout le monde", a déclaré à l'Associated Press Bernard Devy, chargé du dossier des retraites à FO. Alors que plusieurs sujets de la réforme sont renvoyés à des négociations dans les entreprises concernées, Bernard Devy explique qu'après les grèves du 18 octobre, "ce sera aux salariés de déterminer s'il faut maintenir la pression ou s'engager dans un processus de négociations".

"Pas une surprise"
"Le passage à 40 ans, ce n'est pas une surprise. On savait que ça allait arriver. Mais on doit pouvoir négocier de vraies contreparties", a déclaré, plus conciliant, le porte-parole de la délégation CFDT Jean-Louis Malys en sortant du bureau de Xavier Bertrand. "Le dialogue annoncé a bien lieu", a-t-il ajouté, avant de préciser que "l'action ne s'oppose pas à la négociation mais va servir à l'appuyer", faisant référence aux grèves prévues le 18 octobre.
"Nous n'avons obtenu aucune avancée tangible, tout était bouclé d'avance. Les orientations ne sont ni plus ni moins qu'un copier-coller du régime de la Fonction publique", estime de son côté le secrétaire général de la fédération CFTC des Transports, Bernard Aubin.
Pour lui, "les échanges entre syndicats et ministère du Travail depuis l'annonce officielle de la réforme par Nicolas Sarkozy relèvent de la mise en scène, et en aucun cas d'une quelconque volonté de négocier". "Tout cela renforce notre détermination et celle des cheminots à mener une action forte le 18 octobre", poursuit-il, avant d'ajouter "et peut-être même au-delà".

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